Masterclass Pédagogie : 4 juin 2016 à Blagnac
Les impressions de Jean-Marie COMITI
La tenue du Masterclass spécial Pédagogie a tenu toutes ses promesses. L’enthousiasme de tous les participants, aussi bien des intervenants que des stagiaires, a démontré qu’il y avait une véritable attente dans un domaine qui semble quelque peu délaissé : la formation continue des enseignants.
Un grand merci donc aux organisateurs d’un tel événement qui restera longtemps gravé dans les mémoires.
Du côté des intervenants on retiendra la sensibilité à fleur de peau de Christian Cabantous confronté à un public hyper fragilisé par le cancer. Il a permis de mesurer, à travers des situations pédagogiques vécues, à la fois l’abnégation et l’humilité nécessaires face à des personnes tragiquement touchées. Le rôle du pédagogue devient alors primordial pour garantir des relations humaines privilégiées aptes à favoriser l’empathie et le dépassement de soi. Son mot d’ordre : « aimez vos élèves et travaillez avec le cœur ».
Lionel Froidure a insisté sur le fait qu’on ne peut pas enseigner la même chose aux différents publics qui viennent au club. Les six publics qu’il a identifiés et les six objectifs qui leurs sont associés ont montré à quel point le professeur doit se montrer apte à maîtriser ce que les spécialistes appellent une « pédagogie différenciée ». Il appartient donc à l’enseignant de savoir s’adapter aux élèves et non aux élèves de s’adapter à l’enseignant. Ce n’est pas la technique qui prime mais le « principe » qui la régit.
Olivier Brignon a montré le rôle capital de l’enseignant dans la mise en place de situations d’opposition auxquelles les élèves doivent donner du sens. La notion centrale examinée était « l’incertitude » ainsi que la gestion des variables et paramètres associés qu’il faut utiliser et réguler pour arriver à un « rapport d’opposition équilibré ». Ici c’est l’élève qui apprend à s’adapter à des situations qui font appel à des aptitudes physiques, certes, mais aussi et surtout mentales.
Lilian Froidure a exposé un éventail riche d’éducatifs qui permettent d’amplifier l’efficacité et la vitesse d’exécution des techniques d’attaque. Au-delà des réels bénéfices qu’en tirent régulièrement ses propres élèves Lilian a fait la démonstration, en qualité de formateur, qu’un enseignant doit aussi être capable d’inventer et d’élaborer des outils pédagogiques car il est aussi un spécialiste de la didactique (art de transmettre des connaissances).
Michel Kervadec a montré comment un simple échauffement peut se transformer en vecteur de sociabilité. Les exercices fondés sur des « situations-problèmes » plus ou moins guidées ouvrent l’espace à un « travail coopératif » extrêmement intéressant. Nul doute qu’il faut s’en inspirer et les mettre en œuvre dans les clubs. L’utilisation de matériel pédagogique pour développer des automatismes « raisonnés » permet de faire le lien entre la PPO et le magistral comme cela a été démontré à travers l’activité autour d’une séquence de Kata.
Pour ce qui me concerne j’ai insisté sur la nécessité, pour un enseignant, de disposer de plusieurs méthodes pédagogiques pour optimiser à la fois l’enseignement et l’apprentissage. Il s’agit également d’être capable d’identifier les courants philosophiques et les théories psychologiques dont sont issues les diverses méthodes. Savoir relier la théorie et la pratique me semble incontournable. Il a été également question d’évaluation en ouvrant notamment diverses pistes de réflexion sur les pratiques courantes et la possibilité de les faire évoluer.
Du côté des stagiaires il est à noter un groupe honorable de 30 individus, hommes et femmes, qui n’ont pas manqué d’interroger et de témoigner. La qualité d’écoute à été d’une rare intensité malgré la densité des informations qui ont circulé tout au long de la journée. Dans un climat de généreuse convivialité le groupe a eu l’occasion de voir s’ouvrir des portes qui les invitent à s’interroger davantage sur la fonction de l’enseignant de karaté dans la société et sur la responsabilité qu’on accepte d’endosser en se dirigeant vers ce métier, qu’on l’exerce à titre professionnel ou à titre bénévole.
À noter qu’une demie journée supplémentaire à permis d’approfondir les aspects théoriques par des mises en pratique que les stagiaires semblent avoir particulièrement appréciées.
En conclusion, il apparaît que la réussite d’un tel événement appelle des prolongements et que la FFKDA aurait intérêt à s’en inspirer à la fois pour répondre à un besoin flagrant de formation continue et pour faire évoluer les pratiques pédagogiques afin d’enrayer le phénomène de déperdition d’élèves qui touche principalement les adolescents.
Encore une fois bravo et merci à Lionel Froidure, à En Terre Martiale pour cette heureuse initiative et au support de Imagin’ Arts. OSS !
Un grand merci au Blagnac Arts Martiaux pour son soutien !
Et un grand Merci à Marcel Senaux pour ces photos souvenirs !
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